
Prologue
Le bardage en bois est devenu un incontournable du revêtement de façade, en plus de ses homologues en matériaux composites.
De par son côté authentique, il peut apporter de la chaleur à l’esthétique générale du bâtiment, en plus de son atout écologique* (l’énergie grise pour produire un mètre cube de bois sous forme débitée est inférieure aux gaz à effet de serre consommés par l’arbre pour croître), et se pose relativement simplement.
*Attention néanmoins à considérer la partie humaine et équitable tout autant que le côté écologique d’un produit. Un produit présenté comme « écologique » n’a aucun intérêt si des êtres humains sont exploités ou des espèces animales ou végétales décimées par le-dit produit.
L’afzelia est un regroupement de cinq espèces de bois exotique (pour l’afzelia commercialisé en Belgique), où l’on retrouve une espèce « doussié » et quatre qui ne le sont pas. Elles sont toutes originaires d’Afrique.
L’arbre de 15 à 25 mètres atteint généralement un diamètre de 90 cm avec des contreforts d’un mètre, dont le duramen est durable (classe 1). Contenant de l’afzeline (jaune pour le doussié, rose à blanche pour les autres espèces), il a une forte tendance à tâcher les pierres naturelles et métaux comme le zinc.
Du fait de sa provenance, on lui préférera des bois certifiés FSC voire PEFC.

Ici, j’ai été contacté grâce à un ami, qui m’a transmis le chantier par manque de temps. Le travail en lui-même est simple, mais conséquent.
Choix des matériaux et du système de placement

Le choix des matériaux ici incombe à deux personnes :
D’une part, l’architecte, qui gère non seulement le côté esthétique mais surtout pratique et structurel du bâtiment : Les deux systèmes de bardage seront en afzelia.
D’autre part, le menuisier, qui gère quant à lui la qualité intrinsèque du bois, le type d’ossature (soit le lattage de fixation) ainsi que le type de couverture. Une membrane pare-pluie de type Delta Fassade+ m’a été conseillée pour recouvrir le panneau de parement et une ossature en lattes autoclaves noires.
Les lattes autoclaves et la membrane de couleur noire sont importantes, du fait qu’il s’agit d’un bardage ajouré, qui laisse donc paraître les matériaux derrière lui.
En terme de système de placement, j’ai fait le choix de clous en acier inoxydable sans tête, et de l’utilisation de lattes à battées pour réaliser mes assemblages d’angles.
Placement de la membrane pare-pluie
La membrane pare-pluie est la « couche supérieure » de façade qui protègera les matériaux constitutifs des intempéries. Il s’agit d’une membrane imperméable à l’eau, dont la couleur diffère selon le fabricant, le type et la destination.
Comme dit plus haut, pour un bardage ajouré, il est impératif d’avoir une membrane noire. Celle-ci est certes coûteuse, mais garantit la pérennité de la construction.
La membrane se place agrafée, tendue, et de bas en haut pour respecter un chevauchement des épaisseurs d’environ 15 à 20 centimètres, ce qui garanti une bonne étanchéité à l’eau. Dans le cas présent, c’est sur un panneau de façade de type Agepan que la membrane est agrafée.
Les noeuds constructifs sont quelque peu complexes à réaliser car ils doivent créer une sorte de gouttière d’évacuation des eaux, et ce toujours vers l’extérieur. Un bourrelet faisant office de casse-goutte peut être réalisé à chaque ouvertures de baies.
Il n’est pas nécessaire d’utiliser une quincaillerie en acier inoxydable, mais la toile doit être tendue au mieux, et être maintenue de sorte que le vent ne puisse pas prendre dedans et l’arracher. Toutes les fixations qui ne sont pas de forme ronde doivent être orientée de façon à évacuer l’eau.
C’est également à ce moment que j’en ai profité pour coller au mastic-colle noir les membranes diba et pare-pluie. On peut utiliser une autre colle mais il ne faudra pas oublier de peindre les cordons en noir pour les rendre discrets.






Placement du lattage autoclave
C’est la partie structurelle du bardage extérieur, qui comporte deux fonctions majeures :
D’une part, il est la structure portante du bardage, c’est donc important de solidement reporter ce poids sur l’ossature en bois (dans le cas présent) ou dans la maçonnerie, et ce avec la visserie adéquate.
D’autre part, il maintient en place la membrane et par conséquent assure l’étanchéité aux points hauts et bas en ne permettant pas un bâillement de la toile.
Aussi, il maintient l’indispensable « lame d’air » à la ventilation interne au bardage, ce qui évite au bois de pourrir.
Dans le cas présent, il a été placé avec un écart d’entre axes de 60 cm, soit une latte sur chaque montant de l’ossature bois, qui ont préalablement été repérés grâce aux vis de fixation des panneaux de façade. Un placement horizontal ou vertical modifie le placement de la toile pare-pluie qui doit permettre une bonne évacuation des eaux de pluie, en étant obligatoirement perpendiculaire au sens du bardage.
Ici, le bardage étant uniquement horizontal, j’ai placé l’ensemble de mon lattage verticalement.
Les lattes au niveau des angles sont rigoureusement placées arrêtes sur arrêtes, ce qui permet le placement des moulures d’angles. La face extérieure des lattes doit affleurer la face extérieure de ces moulures.
Les détails des coupes des lattes ne nécessitent pas une grande précision, mis à part une pente pour les points bas. Néanmoins, la suite du travail nécessite tout de même une scie radiale précise.

Placement du bardage en pose clouée
Ici il est très important d’avoir placé ses moulures d’angles afin d’avoir les repères de longueurs, et d’avoir tracé la première lame de bardage de niveau, sur chaque façade. Ce trait sera repéré à l’équerre d’une façade à l’autre. Il ne faudra pas oublier de couper un bout d’équerre avant toute opération sur une lame de bardage.
La première lame placée de niveau, et dont la planéité est vérifiée avec un fil d’aplomb, on peut placer les suivantes.
Chaque assemblage entre lames est fait à mi-bois mais sur une latte, et l’écartement se fait en fonction du cahier des charges. Il était ici question d’une ouverture verticale de 15 mm, ce qui correspond à un calage de 18 mm entre les chants des lames de bardage.
Lors du placement, on veillera à bien mettre en contact la lame de référence, la cale et la lame à placer, ainsi qu’à reporter sur les moulures formant des angles une arrête de lame sur cinq, afin de procéder au placement dans le même plan sur les autres façades.
Par sécurité j’ai placé deux clous par assemblage, en quinconce, à chaque latte.



Placement du bardage languetté en pose clouée
En sur-épaisseur sur le bardage ajouré, il doit être placé après ce dernier afin de le recouvrir et ainsi faire de jolis arasements, facilement.
La première lame doit être placée de même façon que le bardage ajouré, en repérant le niveau, et après avoir placé le lattage et les moulures d’angle.
Chaque lame s’assemblant dans la précédente, les raccords entre façades sont facilités mais doivent tout de même être vérifiés.
Dans le cas présent, l’une des façades présentait un bloc entourant et mettant en valeur les baies de fenêtre de l’étage. Ça a été rendu réalisable sur base d’un caisson en panneau contreplaqué traité, habillé d’une membrane pare-pluie ordinaire. Un lattage vient ensuite faire l’épaisseur correspondante à l’aplomb fini.
En terme de finitions, j’ai préféré clouer dans la languette, afin de cacher les légères marques de clous. Il est tout de même nécessaire d’utiliser des pointes en acier inoxydable.





Finitions
Les finitions représentent les petits à-coté du travail, comme l’un ou l’autre clou à enfoncer, les bouts des lattes à peindre en noir et autres petites choses.


Conclusion
Ce type de travail de plus grande ampleur (à l’époque, il s’agissait de mon chantier le plus conséquent) nécessite une bonne coordination entre les corps de métier, assurée, en règle générale, par l’architecte, au travers d’un contrat d’entreprise.
Ainsi, comme pour tout les travaux, du plus petit au plus grand, il est important d’avoir l’implication, l’expertise et le professionnalisme, ainsi que l’honnêteté de chacun pour « sortir par le haut » des problèmes qui peuvent être rencontrés.
C’est ici un très beau chantier pour de belles personnes, mais qui me laissera toujours un goût amer de ma découverte de « ce » monde professionnel, où les hommes de métier sont parfois traînés dans la boue du fait de personnes peu, voire pas, compétentes.
