Réalisation d’une auge à cochons

Prologue

 

Il m’a été demandé, à l’initiative de mon ami Jean-Louis Matagne, le conservateur du Musée communal Archéologique et d’Art Religieux d’Amay et de l’association Les Amis des Pierres, de réaliser une réplique d’auge à cochons en bois, en vue d’une animation prévue dans l’après-midi de la Fête du Cochon.

D’après Monsieur le conservateur, historien et amoureux du patrimoine, les auges étaient en ce temps en bois (généralement du noyer) mais il nous a été impossible d’en trouver une en état, ainsi qu’impayable pour le Musée de s’offrir le bois nécessaire à la réaliser selon les traditions.

Partant de ces faits, nous nous sommes orientés vers une auge en chêne, plus clair que le noyer, mais ayant un fil et un grain presque identiques, et vieillissant de la même façon (fonçage dû aux UV).


Fête du cochon 2

La Fête du Cochon à Amay

Cochon

La Fête du Cochon est une tradition remontant à l’époque de Sancta Chrodoara, princesse mérovingienne ayant vécu au 6ème siècle de notre ère, plus généralement identifiée en tant que Sainte Ode.

Le confesseur de Sainte Ode, Pompée, élevé au rang de saint par la ferveur populaire et probablement mis en terre sous l’ancienne église paroissiale Sainte Catherine d’Amay (aujourd’hui malheureusement abattue), était le patron des cochons, que l’on invoquait pour protéger le bétail.

Le rituel était de faire 3 tours autour de l’auge emplie de terre bénie pour l’occasion, réciter la prière en wallon et mélanger la terre ainsi prise à la nourriture des cochons pour les protéger pendant un an. C’était également l’occasion de fêter dignement cela…

Au fil du temps, et avec l’essor des campagnes des brik’teûs d’Ama, la fête du cochon coïncida avec le retour des briquetiers parti a lon païs, soit à l’étranger (Allemagne, Russie,…). Leur retour au village était donc le prétexte à l’exécution du cochon, afin de faire ripaille.Fête du cochon 2

C’est ainsi que ce dimanche 24 septembre, nous avons fait revivre cette tradition malheureusement en perdition, à l’aide de cochon grillé, à grands renforts de bières et animations.

L’organisation de cette fête à été complètement prise en charge par l’association Les Amis des Pierres, jouissant d’aides du Centre de Prêt de Nannine, des Patros de Thiange ainsi que d’énormément de sponsors.

Fête du cochon 2


Débit et corroyage des bois

IMG_20170921_101435Le choix du matériau ici était une question purement économique, motivé par l’association du Musée communal d’Amay. Il m’a incombé de trouver un bois d’une part bon marché, d’autre part précieux : Le chêne belge.

J’ai débité les bois au plus près de l’aubier tout en l’éliminant des pièces.

Pour obtenir un bel aspect rustique, j’ai ainsi chantourné autour de l’aubier sur les bords supérieurs des traverses, pour créer des vagues dans les bois.

Ensuite, pour faciliter le nettoyage ultérieur de l’intérieur de l’auge, j’ai passé mes bois sur une seule face à la raboteuse. Cela permet d’obtenir une surface lisse (et donc plus facilement entretenue), des pièces d’épaisseurs égales et une plus grande facilité d’assemblage.

Les panneaux massifs sont quand à eux assemblés par rainures arrêtées et fausses languettes. Arrêter la rainure permet de ne pas la voir lors de la taille à mesures des pièces.


Entaillage des traverses

À l’origine, les auges étaient faites de planches grossièrement clouées entre elles; J’ai malgré cela préféré ici réaliser quelques assemblages pour préserver l’auge de mouvements dimensionnels trop marqués.

J’ai d’abord positionné les montants sur les traverses, en respectant dans les deux dimensions des angles de 90° (par rapport aux chants et aux faces des traverses). Cela tracé, j’ai entaillé au ciseau à bois, en suivant rigoureusement mon trait, les pièces n’étant pas nécessairement droites.

Après d’éventuelles rectifications, les pièces s’assemblaient parfaitement.


Assemblage

J’ai utilisé ma fraiseuse Domino pour réaliser des assemblages précis et solides des pièces. Après encollage des pièces, j’ai pressé le tout pendant quelques heures.

Enfin, j’ai percé et posé quelques bouchons en chêne pour renforcer cet aspect rustique recherché pour cet ouvrage.


Mise en situation

C’est ainsi que se passait, autrefois, le cérémonial de la fête du cochon; Les Amaytois non-membres du chapitre n’étant tolérés que dans la nef sud de notre Collégiale Sainte Ode et Saint Georges, ils s’agglutinaient pour prendre une poignée de terre destinée à nourrir leur bétail…

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Ci-à gauche, une poupée de Pompée, à ses côtés le cochon, roi de la cérémonie.


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Musée communal d’Archéologie et d’Art religieux ASBL
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Les Amis des Pierres ASBL

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