Création de châssis à l’identique

Prologue

La menuiserie, métier d’art par excellence, au large panel de possibilités, nous permet très souvent de prendre part à divers travaux.

Ici, pour le compte d’un ami, il s’agissait de réaliser à l’identique (ou dans les mesures du raisonnable) deux châssis de fenêtre pour un vide-bouteille, placé sur un terrain appartenant à une maison classée.

Le vide-bouteille, un bâtiment plutôt spartiate, avait pour vocation d’être l’abri où l’on entreposait les premières bouteilles de la vendange pour ensuite les goûter.

Le vide-bouteilles n’ayant ici plus qu’une vocation historique, patrimoniale, il était important de le mettre hors-eau, en préservant ses qualités architecturales du millénaire passé…

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Une vue de face du châssis – SketchUp

 


Choix des matériaux

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Les châssis originels, datant très certainement du siècle dernier, étaient en chêne européen, comme la majorité des ouvrages de menuiserie de cette époque. Toute fois, ils ont au fil du temps été peints en blanc, probablement pour une question d’entretien et de maintien en l’état.

J’ai malgré cela réalisé les châssis existants en utilisant une essence assez proche au point de vue dimensionnel, et de poids équivalent, mais coûtant moitié moins cher… Le chêne étant actuellement au prix moyen de 3000 à 4000 € le mètre-cube en des épaisseurs de 65 millimètres.

Pour ce qui est de la quincaillerie, j’ai opté pour de simples paumelles à visser ainsi que de fermetures à tringles, un système de pompe permettant d’actionner des carrés métalliques guidés dans des cavaliers, permettant de maintenir les ouvrants fermés.

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Débit et corroyage

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Je suis parti, sur plans, sur des sections de bois de 58 x 70 millimètres pour les parties ouvrantes et 58 x 80 millimètres pour les parties dormantes, comme cela nous est enseigné à l’école, et également pour une question de stabilité tri-dimensionnelles des châssis dans le temps.

Après réception des chevrons, il s’est avéré que la mesure commerciale était largement dépassée (environ 70 millimètres au lieu de 65), ce qui m’a poussé à utiliser des bois de 62 millimètres d’épaisseur plutôt que de 58. Cela permet, entre autre, de créer moins de copeaux…

 


Assemblage

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J’ai utilisé, pour assembler l’ensemble des pièces, la fraiseuse Festool Domino, une machine géniale permettant le fraisage de mortaises ovales, plus ou moins profondes, pour la pose de domino de tailles variables.

Il existe un multitude de façons d’assembler des bois, dont la méthode des tenons et mortaises (dont la Festool Domino produit une légitime descendance), le fraisage de Lamello, l’insert d’une galette ovale de bois plutôt orientées vers les meubles,…

Pour la solidité des assemblages, j’ai utilisé les domino les plus larges, et fraisé les pièces en trois endroits pour un encollage à la colle polyuréthane. Attention tout de même car cette colle exige un assemblage parfait (moins d’un millimètre de jeu) entre les pièces.


Mise en couleur

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En vue d’une certaine harmonie dans la propriété ainsi que pour des questions légitimes d’urbanisme, le propriétaire des lieux m’a demandé de peindre les châssis en blanc; Je n’ai, pour cela, aucunement rechigné sur la qualité et ai apposé 4 couches de laque Levis Pure White (blanc pur, RAL 9010).

La mise en couleur exige du temps, surtout après les journées pluvieuses vécues à Amay en ce début de mois d’août. En effet, la peinture prévois 6 heures de séchage dans un environnement sec; Je ne peints que dans des locaux aérés, ce qui a parfois étendu cette durée de séchage à plus de 24 heures pour la dernière couche.

Aussi, il est nécessaire de poncer les couches sèches, l’application du produit faisant « lever » le fil du bois. Ici, le ponçage des premières et secondes couches s’est fait à l’aide de P220, puis à l’aide de P400. Cela permet, tout en gardant le fil du bois, d’obtenir une couche lisse, et exempte de coulées.


Finitions anté-pose

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Ces finitions traitent plutôt de petits trucs et astuces de fabrication; En effet j’ai apposé une première couche sur l’ensemble des pièces montées avant de poser les gouttes d’eau sur les ouvrants, et j’ai également coulé quelques gouttes de peinture dans les trous de quincaillerie.

Cette quincaillerie à reçu un traitement également : Trois couches de peinture anti-rouille noire satinée sur les paumelles, ainsi qu’une fine couche sur les têtes de vis.

J’ai également apposé une pâte à bois sur le bois de bout afin de le saturer avant peinture.

Enfin, la battée vitrage quand à elle n’a reçu que de sommaires couches de peintures, celle-ci allant être hermétiquement fermée après pose du vitrage.


Pose des châssis

La pose s’est effectuée à l’ordinaire, non sans un rictus sarcastique vis-à-vis du placement PEB (Performances énergétiques du bâtiment)…

Tandis que l’un maintient le châssis, l’autre le cale à l’aide de sacs gonflables. Cela permet de ne pas devoir maintenir le châssis avant que celui-ci ne soit fixé dans la maçonnerie.

Le châssis maintenu, l’un règle son aplomb dans les deux dimensions, et vérifie le niveau (en effet, le châssis étant composé d’angles droits…). Pendant ce temps, l’autre se tient face au châssis, avec un recul suffisant pour aiguiller l’autre pour le réglage du cochonnet.

Le cochonnet, en menuiserie, est la partie visible depuis l’extérieur du dormant du châssis de fenêtre ou de porte. Il convient qu’il soit régulier et éventuellement parallèle à la maçonnerie.

Il possède un caractère uniquement esthétique et ne peut prévaloir sur l’aplomb de la pièce.

Le cochonnet réglé, le châssis est solidement coincé à l’aide des sacs gonflables, percé et vissé dans la maçonnerie.

J’utilise pour ma part des vis dites à béton ou turbo. Après un perçage à 6 millimètres (pour des vis de 7,5 millimètres de diamètre), elles permettent le vissage direct de la vis sans apport d’une cheville.

 

 

J’ai apposé des lattes fraisées en chêne, signée de mon nom, sur les traverses inférieures et intermédiaires des dormants. Ainsi, cela permet un rappel du matériaux, une esthétique rustique renforcée et également le rattrapage du jeu inhérent à la quincaillerie, dont tout les éléments doivent être dans le même plan.

 


Pose des vitrages

Le vitrage sera maintenu en place, d’une part contre deux joints de silicone, l’un sur l’arrête de la parclose dormante, l’autre au milieu du chant de celle-ci. Aussi, sous celle-ci sera apposé un joint compribande, soit un joint de mousse fine permettant au vitrage des déformations dimensionnelles (par exemple dues à la chaleur ou au froid).

La parclose appliquée sera quand à elle clouée, et deux joints de silicone appliqués à l’identique de la parclose dormante. Celle-ci sera de section équivalente à la profondeur « à rattraper », conséquente à la battée du vitrage.

Pour éviter de faire des traces de doigts sur les vitres (ce qui se nettoie plutôt facilement au thiner, à l’essence ou autre), ainsi que pour déplacer des panneaux trop encombrants pour moi seul, j’utilise des ventouses à poignées du type Festool Gecko.

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Finitions post-pose

Il s’agit ici entre autres des joints de silicone.

Le silicone, pour être efficace, ne doit coller que sur deux supports, c’est pourquoi nous avons bourré de la laine de roche (un isolant peu onéreux, flexible et inifuge) dans les battées de maçonnerie, afin de poser moins de silicone.

Ainsi, dans ce cas, les écarts sont si grands que j’ai réalisé les joints en deux passes : Une passe de remplissage, collant ainsi l’isolant et une passe de finition, pour l’aspect rempli et lissé, de même couleur que le joint.

Attention à toujours utiliser la même marque, le même produit et la même teinte dans le même joint ou le même ensemble de joints.

 

 


 

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